blow-up history

Comment se construit le récit historique ? Et comment se transmet-il ?
En puisant dans les sources orales et écrites, Wennig & Daubach ravivent des événements et des personnages plus ou moins connus qui ont marqué de leur passage la commune de Sanem. Leur intervention temporaire, qui prend la forme d’une série de sculptures gonflables disséminées sur plusieurs sites, enjoint le spectateur à s’interroger sur la notion même d’historicité.

Les restes d’un avion de chasse qui a atterri en catastrophe dans un champ, une chapelle vouée à un saint imaginaire, un mémorial pour une locomotive mythique, un arrangement de colonnes provenant d’un temple antique : les reliques grandeur nature imaginées ou reconstituées pour les besoins de ce projet trouvent leur origine ou inspiration dans les traces écrites de l’histoire locale.

En choisissant d’articuler leurs artefacts en toile renforcée à la manière d’un château gonflable, les artistes évoquent d’abord la fonction historique du château de Sanem comme orphelinat. Matrice visuelle du projet, la matière textile noire à partir de laquelle sont fabriquées leurs sculptures vient servir un vocabulaire formel basé sur la réduction et la déformation. Le fait que leurs créations aient besoin d’être alimentées en permanence renvoie de manière plus générale à la nécessité de cultiver sans cesse l’histoire pour qu’elle reste vivante. De même, le caractère provisoire de leurs œuvres fait écho à la matérialité fragile des reliques léguées par le passé, dont la préservation mobilise des efforts considérables.

Les distorsions produites par le bombage des objets reflètent les inévitables approximations et déformations du récit historique. L’état fragmentaire des vestiges, qui pour certains sont montrés dans une situation de transport ou de stockage, évoque quant à lui l’incomplétude des sources tout en renvoyant aux dispositifs, théoriques et pratiques, par lesquels sont conservés, interprétés et présentés les reliquats du passé.

En même temps, le projet ne cache pas son inspiration ludique, tant dans le choix des matières et des mises en scène que dans sa manière de mélanger réalité et fiction pour permettre une approche décomplexée de l’histoire. Le gonflement, synonyme d’exagération, y est pour quelque chose, puisqu’il vient illustrer pour mieux la questionner l’autorité, si ce n’est la monumentalité, du fait historique. En somme, c’est la culture de la mémoire qui se trouve ici soumise à une relecture un brin irrévérente qui procède par hyperbole et renvois croisés.


Exposition des oeuvres

SANEM - du 23.06 au 21.07 à travers la commune

LUXEMBOURG - du 30.06 au 23.07 à la Galerie Nosbaum Reding

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laurent daubach & charles wennig

Laurent Daubach

1992–96 Institut Supérieur St. Luc Bruxelles / arts graphiques. Vit et travaille depuis 1997 en tant que graphiste au Luxembourg. Depuis 2009 en tant que graphiste indépendant.

 

Charles Wennig

1992–98 Université des Sciences Humaines de Strasbourg / maîtrise en arts plastiques. Vit et travaille depuis 1998 en tant qu’artiste et enseignant au Luxembourg.

 

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